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Comments on Greek painting, art, contemporary thought

Our blog is an artistic, cultural guide to the Greek landscapes. At the same time it offers an introduction to the history of Greek fine arts, Greek artists, mainly Greek painters, as well as to the recent artistic movements

Our aim is to present the Greek landscapes in a holistic way: Greek landscapes refer to pictures and images of Greece, to paintings and art, to poetry and literature, to ancient philosophy and history, to contemporary thought and culture...
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Wednesday, September 11, 2013

The Drunken Boat...

Yannis Stavrou, Red Ships, oil on canvas (detail)

Arthur Rimbaud

The Drunken Boat

As I floated down impassive Rivers,

I felt myself no longer pulled by ropes:

The Redskins took my hauliers for targets,

And nailed them naked to their painted posts.



Carrying Flemish wheat or English cotton,

I was indifferent to all my crews.

The Rivers let me float down as I wished,

When the victims and the sounds were through.



Into the furious breakers of the sea,

Deafer than the ears of a child, last winter,

I ran! And the Peninsulas sliding by me

Never heard a more triumphant clamour.



The tempest blessed my sea-borne arousals.

Lighter than a cork I danced those waves

They call the eternal churners of victims,

Ten nights, without regret for the lighted bays!



Sweeter than sour apples to the children

The green ooze spurting through my hull’s pine,

Washed me of vomit and the blue of wine,

Carried away my rudder and my anchor.



Then I bathed in the Poem of the Sea,

Infused with stars, the milk-white spume blends,

Grazing green azures: where ravished, bleached

Flotsam, a drowned man in dream descends.


Where, staining the blue, sudden deliriums

And slow tremors under the gleams of fire,

Stronger than alcohol, vaster than our rhythms,

Ferment the bitter reds of our desire!



I knew the skies split apart by lightning,

Waterspouts, breakers, tides: I knew the night,

The Dawn exalted like a crowd of doves,

I saw what men think they’ve seen in the light!



I saw the low sun, stained with mystic terrors,

Illuminate long violet coagulations,

Like actors in a play, a play that’s ancient,

Waves rolling back their trembling of shutters!



I dreamt the green night of blinded snows,

A kiss lifted slow to the eyes of seas,

The circulation of unheard-of flows,

Sung phosphorus’s blue-yellow awakenings!



For months on end, I’ve followed the swell

That batters at the reefs like terrified cattle,

Not dreaming the Three Marys’ shining feet

Could muzzle with their force the Ocean’s hell!



I’ve struck Floridas, you know, beyond belief,

Where eyes of panthers in human skins,

Merge with the flowers! Rainbow bridles, beneath

the seas’ horizon, stretched out to shadowy fins!



I’ve seen the great swamps boil, and the hiss

Where a whole whale rots among the reeds!

Downfalls of water among tranquilities,

Distances showering into the abyss.


Nacrous waves, silver suns, glaciers, ember skies!

Gaunt wrecks deep in the brown vacuities

Where the giant eels riddled with parasites

Fall, with dark perfumes, from the twisted trees!



I would have liked to show children dolphins

Of the blue wave, the golden singing fish.

– Flowering foams rocked me in my drift,

At times unutterable winds gave me wings.



Sometimes, a martyr tired of poles and zones,

The sea whose sobs made my roilings sweet

Showed me its shadow flowers with yellow mouths

And I rested like a woman on her knees…



Almost an isle, blowing across my sands, quarrels

And droppings of pale-eyed clamorous gulls,

And I scudded on while, over my frayed lines,

Drowned men sank back in sleep beneath my hull!…



Now I, a boat lost in the hair of bays,

Hurled by the hurricane through bird-less ether,

I, whose carcass, sodden with salt-sea water,

No Monitor or Hanseatic vessel could recover:



Freed, in smoke, risen from the violet fog,

I, who pierced the red skies like a wall,

Bearing the sweets that delight true poets,

Lichens of sunlight, gobbets of azure:



Who ran, stained with electric moonlets,

A crazed plank, companied by black sea-horses,

When Julys were crushing with cudgel blows

Skies of ultramarine in burning funnels:



I, who trembled to hear those agonies

Of rutting Behemoths and dark Maelstroms,

Eternal spinner of blue immobilities,

I regret the ancient parapets of Europe!



I’ve seen archipelagos of stars! And isles

Whose maddened skies open for the sailor:

– Is it in depths of night you sleep, exiled,

Million birds of gold, O future Vigour? –



But, truly, I’ve wept too much! The Dawns

Are heartbreaking, each moon hell, each sun bitter:

Fierce love has swallowed me in drunken torpors.

O let my keel break! Tides draw me down!



If I want one pool in Europe, it’s the cold

Black pond where into the scented night

A child squatting filled with sadness launches

A boat as frail as a May butterfly.



Bathed in your languor, waves, I can no longer

Cut across the wakes of cotton ships,

Or sail against the pride of flags, ensigns,

Or swim the dreadful gaze of prison ships.


Arthur Rimbaud 

Le bateau ivre

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots
Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l’œil niais des falots !

Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sures,
L’eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

Et, dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l’amour !

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs, et les courants : je sais le soir,
L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !

J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baisers montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l’assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides
Mêlant au fleurs des yeux de panthères à peaux
D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux !

J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !

Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus avec de noirs parfums !

J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants.
— Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants.

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux...

Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !

Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ;

Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d’azur ;

Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et des Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l’Europe aux anciens parapets !

J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
— Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles,
Millions d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?

Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !

Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi, plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons !

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